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Orin la proscrite (1977)

Petite déception que ce Shinoda. Après Silence, il s'adjoint à nouveau les services du chef-opérateur Kazuo Miyagawa, qui travailla sur de nombreux Mizoguchi. Sur certains points ce film peut rappeler des œuvres du grand cinéaste avec ce destin tragique d'un personnage féminin. Aveugle de naissance, l'héroïne du film est une goze (une joueuse de shamisen et une chanteuse). Chassée de sa troupe d'origine car elle a couché avec un homme, chose interdite pour une goze, elle traverse le Japon du début du 20ème siècle en gagnant sa vie en jouant et chantant. Au fil de ses déplacements, elle a des aventures avec différents hommes jusqu'à sa rencontre avec un vagabond se refusant à elle. Ce dernier va alors l'accompagner dans son errance. Comme souvent, Shinoda décrit une société rigide, impitoyable envers les plus faibles. Un personne exprime la "chance" des aveugles de ne pas voir l'horreur du monde. Justement, si l'héroïne ne voit pas l'horreur du monde, il en subit doublement l'horreur de par son handicap et les règles strictes imposées aux gozes. D'ailleurs l'absence de sexualité, de ses collègues, peut être perçue comme un nouvel handicap. Shima Iwashita joue magnifiquement de son sourire énigmatique, indifférente au monde elle va pourtant s'attacher au vagabond et aura l'espoir d'une vie meilleure. La fin abrupte, voire précipitée, m'a un peu gâché le film. Si on pense plusieurs fois à Mizoguchi, on est cependant loin d'être terrassé comme à la fin de La Vie d'O'Haru femme galante. Je crois que j'attendais un peu trop du film, je le reverrai dans quelques temps sans attentes particulières.