Ces 2 films forment un triptyque avec Childhood Days (1990), dont je n'ai hélas pu trouver de copie, portant sur le destin
d'adolescents juste après la reddition du Japon en 1945. Difficile de connaître la part autobiographique mais elle doit être assez conséquente car Shinoda est né en
1931 et avait, plus ou moins, l'âge des protagonistes principaux des 2 films et ce, même si les histoires racontées sont différentes. Dans le 1er, nous suivons une petite communauté insulaire. La
dictature militaire terminée, les adultes s'adaptent rapidement au changement de mentalité mais cela semble plus difficile pour les enfants endoctrinés. Ils sont obligés de couvrir d'encre des
chapitres entiers de leurs manuels scolaires faisant référence au passé militaire du pays ce qui ne va pas sans quelques incompréhensions. Le film dresse donc différents portraits d'adultes et
d'enfants au lendemain de la défaite, certains seront tragiques d'autres non. Jamais dramatique, l'histoire se veut légère tout en gardant une grande profondeur. Shinoda s'éloigne ainsi de ses œuvres années 70 en réalisant un divertissement grand public.
Le même constat peut être appliqué à Moonlight Serenade. Un écrivain devant couvrir pour un journal le tremblement de terre de
Kobe se souvient de l'immédiat après-guerre. Sa famille avait pris le bateau pour enterrer le frère aîné mort au combat. Durant la traversée, de nuit, une petite communauté va se créer sur le
pont du ferry. La mentalité du père, encore imprégner de celle d'avant-guerre, va se confronter à celle plus légère (en apparence) de ses compatriotes. Eux ont accepté la défaite, lui n'y arrive
pas. Le récit s'envole vraiment lorsqu'un ancien benshi projette des films sur le bateau. Shinoda montre alors la force fédératrice du cinéma dans ces purs moments
de poésie. Comme le film précédent, le casting est impeccable et nous suivons avec plaisir le destin des différents personnages et particulièrement des enfants obligés. Moonlight Serenade m'a semblé meilleur car plus resserré et plus court.