· 

L'Étang du démon (1979)

Un drôle de film dont je m'étonne de la sortie récente chez Carlotta alors que Shinoda a fait bien mieux dans les années 70. Après la sortie de Silence chez le même éditeur, les français ne sont définitivement pas gâtés. Comme toujours, le propos est complexe, de multiples pistes d'interprétation s'ouvrent. Une cloche doit être sonnée 3 fois par jour afin d'éviter que l'eau d'un étang (où réside l'esprit d'un dragon) inonde un village en contre-bas. Une sécheresse empêchant toute récolte met en doute cette légende. Toujours aussi pessimiste, Shinoda montre la perte des valeurs, l'oubli des traditions dans le Japon moderne. L’esthétique très travaillée du film passe d'une superbe 1ère partie naturaliste, à une seconde très artificielle carrément kitsch remplie de yokai proche des monstres des séries tv japonaises de mon enfance, la 3ème partie revient au naturalisme tout en gardant des aspects artificiels, notamment dans le déluge final aux effets datés mais fonctionnant parfaitement dans ce film. Comme souvent dans son œuvre, Shinoda travaille la théâtralité du cinéma avec notamment la présence à l'écran de l'acteur de kabuki Bando Tamasaburo. Pour la 1ère fois depuis de nombreux films, la musique n'est pas signée Toru Takemitsu mais Isao Tomita. Sa composition synthétique se marie parfaitement avec les images. Si ce film ne fut d'un visionnage facile, il n'en reste pas moins une date dans l’œuvre de Shinoda en concluant d'une étrange façon les années 70. Une décennie où il ne choisira jamais la facilité avec des œuvres sombres, complexes, portant un regard acéré sur la société japonaise passée et présente.